Existe-il une vie avant la mort ?
Pierre Rabhi
paysan philosophe pionnier du retour à la terre
Paysan, philosophe, homme politique, écrivain, Pierre Rabhi a consacré son existence à la lutte contre la désertification et la malnutrition. Son message : remettre la nature et l’humain au cœur de nos préoccupations. Il est en train de devenir le penseur de référence pour les adeptes de l’écologie, les partisans de la décroissance et les sympathisants de l’altermondialisme. Le combat de Pierre Rabhi contre la logique productiviste est ancien. Homme de l’oasis, né dans le sud de l’Algérie, il n’a eu de cesse, depuis plus de quarante ans, de faire jaillir la vie au cœur d’une nature qu’il perçoit comme une source inestimable de vie. Elevé entre islam et catholicisme, imprégné des valeurs nomades, il quitte une Algérie en guerre pour s’installer en région parisienne au début des années 1960. Travailleur immigré confronté à l’absurdité de l’univers urbain, il opère avec femme et enfants un retour à la terre et devient pionnier de l’agriculture écologique dans une ferme cévenole. Tant le sujet lui tient à cœur, Pierre Rabhi se lance dans la formation.
Pensées
Ses méthodes, à l’opposé de la culture et de l’élevage intensifs, plus respectueuses de la terre nourricière et de la vie qui en jaillit, se propagent sous le nom d’« agroécologie ». Dans les années 1980, il initie en Afrique noire et au Maghreb de nombreux programmes de lutte contre la désertification et la malnutrition. Engagé dans une réflexion politique qu’il défend au sein de son mouvement Terre & Humanisme, il se laisse convaincre de présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2002. Conférencier aguerri, il livre de vibrants éloges à la sobriété : bien vivre mais sans aller au-delà de ses besoins. Emerveillé par la vie, alarmé par les dégradations de l’environnement, Pierre Rabhi soutient que « l’humanité a pu survivre jusqu’à maintenant grâce à son patrimoine végétal et animal et que celui-ci aujourd’hui est en danger… » Son espoir repose essentiellement sur les femmes qui, selon lui, sont « plus près de la nature, ne se laissent pas circonvenir et comprennent mieux que les hommes l’importance de ces problèmes ». L’intelligence universelle Nous croyons être la source de l’intelligence. Cette vision du monde nous a fait choisir la frénésie comme mode d’existence et inventer des machines pour la supporter. Et tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, notre capital de vie se dissipe et nous oublions que nous sommes réglés sur le rythme de l’univers. Evoluer au sens où l’entend Pierre Rabhi, c’est « se brancher sur l’intelligence universelle, qui régit à la fois le macrocosme et le microcosme ». Non celle qui produit des prodiges techniques, mais celle que l’on peut pressentir dans la moindre petite graine de plante, la moindre manifestation de vie. A nous de révéler cette intelligence qui nous précède.
L’insurrection des consciences
Pierre Rabhi est de ceux qui pensent que le changement de société ne peut advenir sans changement d’éducation, « celle dont s’est dotée la modernité pour se perpétuer étant anxiogène ». Il en appelle à l’« insurrection des consciences » contre un progrès défini en termes de croissance, de surconsommation, d’industrialisation, générateur de pollution et de destruction. Il prône une éducation basée sur la libération de l’être, l’instauration de l’enthousiasme de grandir, de connaître, et non sur la peur de l’échec.
Pierre Rabhi est de ceux qui pensent que le changement de société ne peut advenir sans changement d’éducation, « celle dont s’est dotée la modernité pour se perpétuer étant anxiogène ». Il en appelle à l’« insurrection des consciences » contre un progrès défini en termes de croissance, de surconsommation, d’industrialisation, générateur de pollution et de destruction. Il prône une éducation basée sur la libération de l’être, l’instauration de l’enthousiasme de grandir, de connaître, et non sur la peur de l’échec.
Le principe du colibri
Le pouvoir de transformer le monde est entre nos mains, assure Pierre Rabhi. A la manière du battement d’ailes du papillon capable de générer des tempêtes à l’autre bout du monde, l’effort individuel du colibri peut contribuer à la libération de tous. Notre responsabilité politique ne se limite pas à l’exercice de notre droit de vote. Appliquer le principe du colibri, c’est résister, chacun à notre niveau, à la logique du profit pour lui préférer celle du vivant. Il nous appartient, à travers nos choix de vie, nos modes de consommation, nos gestes quotidiens, de défendre les valeurs auxquelles nous croyons.
Le pouvoir de transformer le monde est entre nos mains, assure Pierre Rabhi. A la manière du battement d’ailes du papillon capable de générer des tempêtes à l’autre bout du monde, l’effort individuel du colibri peut contribuer à la libération de tous. Notre responsabilité politique ne se limite pas à l’exercice de notre droit de vote. Appliquer le principe du colibri, c’est résister, chacun à notre niveau, à la logique du profit pour lui préférer celle du vivant. Il nous appartient, à travers nos choix de vie, nos modes de consommation, nos gestes quotidiens, de défendre les valeurs auxquelles nous croyons.
EXTRAIT
Dans Conscience et Environnement, Pierre Rabhi fait une apologie de cette terre sans laquelle nous ne sommes rien et que nous détruisons en toute inconscience. « La terre… Combien sommes-nous à comprendre cette glèbe silencieuse que nous foulons durant toute notre vie, quand nous ne sommes pas confinés dans des agglomérations hors sol qui nous la rendent encore plus étrangère ? La terre nourricière est parmi les quatre éléments majeurs celui qui n’a pas existé dès l’origine. Il a fallu des millénaires pour que la mince couche de terre arable d’une vingtaine de centimètres à laquelle nous devons la vie puisse se constituer. Univers silencieux d’une extrême complexité, siège d’une activité intense générée par des micro-organismes, levures, champignons, vers de terre, etc., elle est régie par une sorte d’intelligence mystérieuse et immanente.
C’est dans ce monde discret que s’élaborent, comme dans un estomac, les substances qui permettront aux végétaux de se nourrir, de s’épanouir pour se reproduire, et c’est aux végétaux que les humains et les animaux doivent leur propre survie. Il est donc urgent de reconnaître que la dénomination « terre-mère » n’est pas une métaphore symbolique ou poétique, mais une évidence objective. Ainsi s’est établie une logique extraordinaire fondée sur la cohésion du vivant. La terre, le végétal, l’animal et l’humain sont de cette manière unis et indissociables. Prétendre nous abstraire de cette logique, la dominer ou la transgresser impunément est une dangereuse illusion.
Avec l’ère de la technoscience, de la productivité et de la marchandisation sans limite, l’on ne voit plus dans la terre et les végétaux qu’une source de profit financier. Ce pillage du bien commun de l’humanité est représentatif d’une civilisation qui a donné à la matière minérale, au lucre et à l’avidité humaine les pleins pouvoirs sur le Vivant et les vivants que nous sommes. Notre lien à la terre est si intime, si vital, que rien ne peut le résilier. La conscience et l’entendement devraient permettre à l’humain de comprendre, de ressentir, de s’enchanter de cet ordre et donc de le respecter et d’en prendre soin avec humilité et compassion. […] Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu’aux tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les sentiments et les gestes qui nous relient aux évidences.
Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrées. La terre recèle les valeurs permanentes faites de ce qui nous manque le plus : la cadence juste, la saveur des cycles et de la patience, l’espoir qui se renouvelle toujours car les puissances de Vie sont infinies. » (Conscience et Environnement, la symphonie de la vie)
Source : Psychologies
Dans Conscience et Environnement, Pierre Rabhi fait une apologie de cette terre sans laquelle nous ne sommes rien et que nous détruisons en toute inconscience. « La terre… Combien sommes-nous à comprendre cette glèbe silencieuse que nous foulons durant toute notre vie, quand nous ne sommes pas confinés dans des agglomérations hors sol qui nous la rendent encore plus étrangère ? La terre nourricière est parmi les quatre éléments majeurs celui qui n’a pas existé dès l’origine. Il a fallu des millénaires pour que la mince couche de terre arable d’une vingtaine de centimètres à laquelle nous devons la vie puisse se constituer. Univers silencieux d’une extrême complexité, siège d’une activité intense générée par des micro-organismes, levures, champignons, vers de terre, etc., elle est régie par une sorte d’intelligence mystérieuse et immanente.
C’est dans ce monde discret que s’élaborent, comme dans un estomac, les substances qui permettront aux végétaux de se nourrir, de s’épanouir pour se reproduire, et c’est aux végétaux que les humains et les animaux doivent leur propre survie. Il est donc urgent de reconnaître que la dénomination « terre-mère » n’est pas une métaphore symbolique ou poétique, mais une évidence objective. Ainsi s’est établie une logique extraordinaire fondée sur la cohésion du vivant. La terre, le végétal, l’animal et l’humain sont de cette manière unis et indissociables. Prétendre nous abstraire de cette logique, la dominer ou la transgresser impunément est une dangereuse illusion.
Avec l’ère de la technoscience, de la productivité et de la marchandisation sans limite, l’on ne voit plus dans la terre et les végétaux qu’une source de profit financier. Ce pillage du bien commun de l’humanité est représentatif d’une civilisation qui a donné à la matière minérale, au lucre et à l’avidité humaine les pleins pouvoirs sur le Vivant et les vivants que nous sommes. Notre lien à la terre est si intime, si vital, que rien ne peut le résilier. La conscience et l’entendement devraient permettre à l’humain de comprendre, de ressentir, de s’enchanter de cet ordre et donc de le respecter et d’en prendre soin avec humilité et compassion. […] Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu’aux tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les sentiments et les gestes qui nous relient aux évidences.
Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrées. La terre recèle les valeurs permanentes faites de ce qui nous manque le plus : la cadence juste, la saveur des cycles et de la patience, l’espoir qui se renouvelle toujours car les puissances de Vie sont infinies. » (Conscience et Environnement, la symphonie de la vie)
Source : Psychologies
Entretien avec Pierre Rabhi
Histoire, Peur, Connaissance, Education
Economie, Croissance, Dérives, Valeurs :
Agriculture, Ecologie, Proximité, Santé :
Ecologie, Spiritualité :
Révolution humaine, Sobriété heureuse :
Libellés :
Ecologie
1 Response to Existe-il une vie avant la mort ?
Pierre Rahbi est un honnête homme et un humaniste qui nous montre le chemin. Merci, Dan
Enregistrer un commentaire