L'Arbre de Vie
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L'arbre, symbole de Vie et de Connaissance
L'arbre relie trois mondes et quatre éléments : le monde souterrain par ses racines, le monde psychique par son tronc qui traverse l'air et laisse couler l'eau, le monde céleste par ses branches qui s'élèvent. Il possède stabilité et verticalité (principe masculin, Yang) et épanouissement par ses feuilles offertes au soleil (principe féminin, Yin).
Le hiéroglyphe Djed symbolise l'arbre de vie égyptien, il est aussi la colonne vertébrale d'Osiris, le ressuscité. La tradition hindoue (Rig Veda) associe l'univers à "un arbre à mille branches".
C'est sous l'ombre d'un figuier que Siddharta Gautama est devenu Bouddha, c'est sous l'ombre d'un pommier qu'enseignaient les druides. L'arbre de vie celte proliférait dans l'île d'Avallon (aval = pomme), pays de l'éternelle jeunesse.
L'arbre sephirotique dans la Kabbake
L'arbre sephirotique symbolise la structure de l'homme et celle de l'univers. Les dix sephiroths qui le dessinent sont des expériences et des champs de conscience.
Ces sephiroths sont équivalentes, aucun ne prime sur l'autre. Ils sont reliés par des forces, elles sont énergies pour l'univers créé, chemins ou épreuves pour l'homme. Parce que la connaissance est voilée, l'homme est invité à un parcours initiatique pour rejoindre le monde céleste dont il est issu. Ce parcours est notamment représenté par les douze travaux d'Héraclès chez les Grecs.
L'arbre de la Kabbale est renversé, comme le figuier de la tradition hindoue, car "ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas". (Tables d'Émeraude)
L'image de l'arbre comme médiateur réveille dans la conscience de l'homme qu'il est un pont vivant entre ciel et terre.
La symbolique des arbres
Texte de Pierre-Émile Rocray, ingénieur forestier et responsable de la Maison de l'arbre du Jardin botanique de Montréal
Communication présentée en février 1997 dans le cadre des déjeuners-causeries de la Société de l'arbre du Québec
L'Homme accorde souvent à ses rêves ainsi qu'aux phénomènes, objets ou faits qu'il observe autour de lui, ne serait-ce que par leur forme ou par leur nature, des associations d'idées spontanées ou des correspondances analogiques avec quelque chose d'abstrait ou d'absent. Ce sont ces correspondances ou ces associations qu'on appelle "symbole". Il s'agit souvent d'objets ou d'images qui évoquent parfois, dans notre imaginaire, des valeurs magiques, mystiques, divinatoires et surnaturelles. Lorsque l'analogie est naturelle avec l'objet auquel elle se rapporte, le symbole est habituellement plus facile à saisir.
L'Arbre n'a pas échappé aux règles du sens et de la signification car il renferme à lui seul des thèmes symboliques parmi les plus riches et les plus répandus. On peut distinguer chez lui plusieurs interprétations symboliques qui gravitent à peu près toutes autour de l'idée du Cosmos vivant, autour de notre planète en perpétuelle régénérescence. En effet, sa nature cyclique (p. ex. mort et régénération des organes, des individus, d'un peuplement ou d'une forêt entière; changements dans le feuillage au fil des saisons) en fait un symbole par excellence de la vie en pleine évolution. De plus, sa verticalité aérienne et souterraine ne symbolise-t-elle pas l'ascension vers le ciel et la descente aux enfers?
Notre perception visuelle ou imaginaire de l'Arbre répond peut-être à celle de son mystère en nous. Parce qu'il participe entre le visible et l'invisible, que ce soit physiquement ou par abstraction, l'Arbre impose un questionnement éternel. Sa puissance ou sa fragilité sont la nôtre. Être comme un arbre, n'est-ce pas être fort et solide comme un chêne. Juste le fait de penser que l'on puisse épouser son tronc et ses feuilles, constitue autant d'invitations à épouser notre corps, notre énergie intérieure et nos pensées.
L'Arbre représente donc notre destin soudé dans une seule vie, et pourtant divergent en mille branches. Nous ne pouvons échapper à l'Arbre pas plus qu'à nous-mêmes. Si l'Arbre est notre reflet, c'est qu'il nous ressemble dans sa diversité la plus extrême. À cet égard, la façon dont nous entretenons les arbres et les forêts ne correspond-t-elle pas à l'image que nous avons de nous-mêmes comme société? À l'image que nous offrons aussi aux étrangers qui viennent nous visiter?
Notre attachement à l'Arbre, c'est l'attachement et le désir qui nous nouent littéralement à cette planète: comme si notre destin ou notre présence sur la Terre consistait précisément à comprendre ce qu'il y a d'étrange et d'inexprimable dans nos enracinements. C'est-à-dire être capables de vibrer sous le vent, de nous courber dans la tempête et de résister sans briser, d'entendre ou sentir la vibration entre le Ciel et la Terre et de percevoir l'énergie formidable qui monte et descend entre les racines et la cime de l'Arbre.L'Arbre met en relation les trois niveaux du cosmos que sont le souterrain, la surface et le milieu atmosphérique. Ses racines fouillent effectivement les profondeurs cachées du sol dans lequel elles se développent. Près de la surface, on retrouve son tronc et ses branches maîtresses et, enfin, dans les hauteurs cosmiques ou atmosphériques se balancent ses branches et ses ramures. L'Arbre réunit donc à lui seul tous les éléments, à savoir l'eau circulant dans sa sève, la terre envahie par ses racines, l'air pénétrant par ses feuilles et le feu jaillissant de son bois. En Chine, on considère d'ailleurs le bois comme un cinquième élément en soi.
L'arbre de vie
L'Arbre est universellement considéré comme un symbole des rapports qui s'établissent entre le ciel et la terre. En ce sens, il possède un caractère central au point de faire de l'Arbre du monde un synonyme de l'Axe du monde: un ferme soutien de l'univers, un lien entre toutes les choses et un support de la terre habitée.
Ainsi en est-il en Chine de l'Arbre Kien-Mou dont les Dieux, les esprits et les âmes empruntent le chemin dressé au centre du monde, puisqu'il possède neuf branches et neuf racines avec lesquelles il touche aux neuf cieux, c'est-à-dire aux neuf sources de vie. C'est par lui que montent et descendent les souverains: ces médiateurs entre le Ciel et la Terre. L'Arbre central qui, du cosmos jusqu'à l'Homme, couvre tout le champ de la pensée par sa puissance et sa présence, c'est l'Arbre de vie puisqu'il est chargé de forces sacrées dû au fait qu'il est vertical et qu'il se régénère, meurt et renaît d'innombrables fois.
La Bible mentionne que les arbres sont créés au troisième jour, c'est-à-dire avant la vie animale qui apparaît au cinquième jour et la vie humaine, au sixième jour. Il paraît que l'Arbre de vie qui se trouvait au centre du Paradis terrestre, possédait douze fruits: un chiffre symbolique qui est signe d'un renouvellement cyclique. Cet Arbre de la Connaissance ou de la Science du Bien et du Mal, était l'instrument de la chute d'Ève et d'Adam; comme l'Arbre de vie sera plus tard celui de leur rédemption par le biais de la crucifixion de Jésus.
À propos des aïeuls du genre humain, il est intéressant de constater que c'est par l'entremise de l'Arbre qu'ils ont pris conscience de leur vulnérabilité face à Dieu, et que c'est avec les feuilles d'un arbre qu'ils cachèrent leur nudité pour la première fois. Ces organes auraient-ils donc servi de premier vêtement pour la race humaine, bien avant la fourrure et d'autres fibres végétales?
Le parallèle entre l'Arbre de vie et l'évolution biologique fait de l'Arbre un symbole de fertilité dont on peut encore observer des témoignages de nos jours. En effet, les jeunes femmes de certaines tribus iraniennes s'ornent parfois le corps d'un arbre tatoué dont les racines partent de leurs sexes et dont les frondaisons aboutissent aux seins. Une très ancienne coutume du bassin Méditerranéen et de l'Inde, fait en sorte qu'il est possible d'apercevoir, isolés dans la campagne et près d'une source, des arbres couverts d'une floraison de mouchoirs rouges, que des femmes stériles ont posé à leurs branches pour conjurer leur sort.
Mais le symbolisme de l'Arbre est ambivalent en ce qui a trait au sexe. Au plan du monde phénoménal, le tronc dressé vers le ciel, symbole de force et de puissance solaire, serait le Phallus ou l'image archétypale du père. C'est particulièrement le cas des arbres au port fastigié qu'il est inutile de nommer. De son côté, l'arbre creux ou celui au feuillage dense et enveloppant dans lequel nichent les oiseaux, et qui se couvre périodiquement de fruits, évoque l'image archétypale et lunaire de la mère fertile. D'ailleurs, dans les légendes des peuples, l'abondance des arbres-pères et des arbres-mères conduit à l'arbre ancêtre dont l'image, dépouillée peu à peu de son enveloppe mythique, représente aujourd'hui l'arbre généalogique. L'Arbre est presque toujours associé à la naissance, à la généalogie ou à des cycles antérieurs de vie des individus et des communautés. C'est peut-être ce qui explique qu'on le plante aujourd'hui pour commémorer la naissance et la mort d'un être cher.
L'Arbre de la Boddhi sous lequel, paraît-il, Bouddha atteignit l'illumination, est aussi un Arbre de vie. Une inscription sur l'un des nombreux temples d'Angkor, mentionne que ses racines sont Brahmâ, ses branches Vishnu et son tronc Shiva. Or, Brahmâ est une des principales divinités hindou. Il a été le premier dieu créé et il est le créateur de toute chose. Vishnu représente le principe même de la création du monde et Shiva, le dieu de la destruction. Nous revenons donc à la représentation de l'Arbre de vie chez l'hindou. L'association de l'Arbre de vie avec le divin se retrouve évidemment dans les traditions chrétiennes, ne serait-ce que par l'Arbre de la première ou de la nouvelle Alliance, par l'Arbre de vie de la Genèse ou par l'Arbre de la croix. Le symbole de la Croix érigée sur une montagne, au centre du monde, ramène entièrement l'image antique de l'Arbre cosmique.
En Orient comme en Occident, l'Arbre de vie est souvent renversé. Cette conception serait attribuable au rôle du soleil et de la lumière dans la croissance des êtres, puisque le haut est source de vie et le bas l'endroit où l'Homme s'efforce de la faire pénétrer. La vie vient du ciel et pénètre dans la terre. Il est à remarquer que cette conception signifie que ses racines sont le principe même de la manifestation et ses branches, la manifestation qui s'épanouit.
Le culte des arbres
L'Arbre cosmique est fréquemment représenté sous la forme d'une essence particulièrement majestueuse telle le Chêne celtique, le Tilleul germanique, le Frêne scandinave, l'Olivier de l'orient, le Mélèze et le Bouleau de l'hémisphère nord... Ce sont souvent des arbres réputés pour leur longévité, leur dimension ou leur blancheur lumineuse.
Le culte des arbres nous amène à nous interroger sur les raisons qui conduisent les peuples vers l'adoption d'une espèce particulière pour en faire un arbre emblème, comme c'est le cas avec l'Érable à sucre du Canada, le Bouleau jaune du Québec... L'Arbre ne représente-t-il pas alors plusieurs symboles aux yeux d'une collectivité? L'emblème exige toutefois un effort d'intelligence pour être bien compris ou saisi du premier regard, car il peut associer plusieurs idées différentes.
Le Chêne
Arbre sacré dans de nombreuses traditions, le Chêne est investi de privilèges accordés à la divinité suprême parce qu'il attire la foudre et symbolise la majesté. En tout temps et en tout lieu, le Chêne est synonyme de force et de solidité. C'est du moins l'impression qu'il laisse quand il atteint sa maturité. Ne soyons donc pas étonnés d'apprendre que les termes "chêne" et "force" se traduisent en latin par le même mot: robur, symbolisant autant la force morale que physique.
C'est auprès d'un Chêne qu'Abraham reçut les révélations de Yahvé. Son rôle axial en faisait un instrument de communication entre le Ciel et la Terre. D'après Pline l'Ancien, lequel s'appuie sur l'analogie du grec (drûs), le nom des druides est en relation étymologique avec le nom de Chêne, d'où la traduction hommes de Chêne.
Adoré par les Celtes, le Chêne représentait pour eux l'emblème de l'hospitalité et l'équivalent d'un temple. Ils croyaient ces arbres habités par des nymphes, d'où la création de mesures sévères pour condamner ceux qui les abattaient sans nécessité. Un abattage autorisé conduisait vers des rituels religieux pour permettre aux nymphes de se retirer de l'arbre avant sa chute, afin d'éviter leur vengeance.
L'Acacia
On dit que l'arche d'alliance était en bois d'Acacia plaqué d'or, et que la couronne d'épines du Christ provenait de ce même arbre. Dans la pensée judéo-chrétienne, cet arbuste au bois dur et presque imputrescible, aux épines redoutables et aux fleurs arborant les couleurs du lait et du sang, est un symbole de renaissance et d'immortalité.
Le Peuplier
Cet arbre propre à l'hémisphère boréal tire son nom du mot latin Populus et de l'ancien français Poplier, deux termes qui signifient Peuple. La légende dit que c'est l'Arbre du peuple puisque ce serait sous des Peupliers que celui-ci prenait autrefois des décisions importantes.
L'Aubépine
On accordait à cet arbre des pouvoirs permettant de détourner la foudre, de conserver la viande, d'empêcher de faire tourner le lait et d'éloigner les serpents; d'où des plantations fréquentes d'Aubépines à proximité des granges et des étables.
Le Saule
Une croix faite avec deux rameaux de Saule, que l'on jetait dans l'eau d'une source sacrée, permettait de connaître l'imminence ou non de sa mort. Une croix flottante annonçait une mort certaine dans les mois suivants. Celle-ci était cependant éloignée si la croix coulait; plus éloignée encore si elle atteignait rapidement le fond de l'eau. Le phénomène apparaît toutefois contradictoire quant à la mort associée à la flottaison plutôt qu'à la disparition de la croix.
L'Amandier
Signe de la renaissance de la nature, cet arbre à la feuillaison printanière est aussi un symbole de fragilité car ses fleurs, ouvertes dès l'arrivée du printemps, sont sensibles au gel tardif. Chez les Grecs, l'amande pressée était comparée à la semence de Zeus, en tant que puissance créatrice. On affirme même que l'Amandier remonte directement à ce Dieu et que son fruit peut féconder une vierge indépendamment de l'union sexuelle. Selon une croyance qui tient encore en Europe, la jeune fille qui s'endort sous un Amandier en rêvant à son fiancé, peut soudainement se réveiller enceinte.
Le Bouleau
La littérature est peu bavarde sur la symbolique du Bouleau. Pourtant, les chamans de la Sibérie vantaient les vertus thérapeutiques de cet arbre des régions froides et tempérées. Ils
n'hésitaient pas à monter dans ses branches pour mieux entrer en contact avec les Dieux de l'autre monde.
On peut également s'interroger sur les raisons inconscientes qui font autant apprécier le Bouleau comme arbre d'ornement, une essence qui, pourtant, ne possède pas une grande espérance de vie et qui, mis à part sa beauté esthétique, offre plus d'inconvénients que d'avantages en ornementation. S'agit-il de sa blancheur, un symbole de pureté, ou de l'extrême finesse de sa ramure qui rend cet arbre si attirant?
Le Cyprès
Cet arbre sacré chez de nombreux peuples, grâce à sa longévité et à sa verdure persistante, est également nommé "Arbre de vie", à l'instar du Thuya. Chez les Grecs et les Romains, le Cyprès est en rapport avec les divinités de l'enfer. Il est l'arbre des régions souterraines, d'où sa présence remarquée dans plusieurs cimetières du bassin de la Méditerranée.
Le Pommier
Le Pommier se trouve au centre de plusieurs croyances, dont celles de procurer la sagesse, d'améliorer les connaissances et d'acquérir l'immortalité. Son fruit est identifié depuis très longtemps comme un fortifiant et comme un remède préventif contre la maladie. À cet effet, souvenons-nous du vieux proverbe anglo-saxon: "An apple a day keeps the doctor away".
Le Sapin
On dit que le Sapin empêchait la foudre de tomber et conjurait les mauvais sorts. En Allemagne, on flagellait autrefois les femmes durant le mardi gras, avec des branches de cet arbre, dans le but de leur permettre d'avoir des enfants.
L'Olivier
La richesse symbolique de cet arbre est abondante: récompense, purification, force, paix, victoire, fécondité. Consacré à la Déesse grecque Athéna, l'Olivier l'était également au Dieu romain Jupiter. Comme symbole de paix, il faut se rappeler que vers la fin du déluge, une colombe rapporta une branche d'Olivier vers l'arche de Noé. Selon une vieille légende, la croix du Christ était fabriquée de Cèdre et d'Olivier. Dans le langage du Moyen-âge, cet arbre symbolisait l'or et l'amour.
Le Frêne
À l'instar du Chêne, le Frêne est un symbole de solidité puissante. On en faisait des hampes de lances. Dans les traditions scandinaves, cet arbre symbolise l'immortalité et sert de lien entre les trois niveaux du cosmos. Dans les anciens pays baltes, l'homme étourdi et un peu niais est qualifié de frêne car il est considéré comme aveugle. En effet, ne sachant pas quand vient le printemps, il reste longtemps dénudé. Tandis qu'à l'automne, craignant de paraître ridicule à nouveau, il est le premier à se dépouiller rapidement de toutes ses feuilles.
Dans l'Europe nordique, le Frêne est le symbole de la fécondité. Il est perçu comme l'arbre de la féminité car c'est dans sa ramure qu'une femme peut suspendre certaines amulettes qui font battre le cœur de l'homme qu'elle désire.
L'Orme
Cet arbre a toujours détenu des pouvoirs surnaturels. Dans la France du Moyen-âge, il était appelé "l'arbre de la justice" parce que c'était sous sa canopée que les seigneurs et les juges rendaient leurs jugements. On savait l'Orme capable de guérir diverses maladies cutanées, dont la lèpre. Les guérisseurs enlevaient des morceaux d'écorce d'Orme pour concocter des remèdes contre le rhumatisme. On attribue à trois Ormes plusieurs fois centenaires et situés dans le département de la Somme, le pouvoir d'avoir détourné la peste d'un village de cette région de la France, alors que des villages voisins étaient sévèrement touchés par le terrible fléau.
La symbolique de la forêt
La forêt ramène presque toujours, chez la personne qui y pénètre, une notion de différence entre l'ici et l'ailleurs. Elle marque la limite spatiale entre la colonisation du territoire par l'Homme et la nature sauvage. La mythologie romaine souligne à cet effet que les Enfers étaient protégés du monde par la présence de forêts sacrées le long du fleuve Styx, lesquelles furent destinées à la destruction par des soldats romains. Mais leur violation fut empêchée par des moyens surnaturels qui terrifièrent les militaires et s'abattirent sur eux.
Au Moyen-âge, les proscrits, les fous, les brigands, les ermites, les lépreux et les persécutés tenaient refuge dans les forêts de l'Europe du Nord. L'Église, qui cherchait à imposer la Croix, se montrait tout à fait hostile à cette barrière naturelle et inculte qui servait à abriter les païens. D'ailleurs, divers conciles tenus à partir de l'an 452 de notre ère, statuaient contre l'adoration des arbres et considéraient comme sacrilèges les rituels qu'on pratiquait dans ces lieux sauvages consacrés aux démons.
Pour se faire une idée plus exacte sur l'ampleur des sites de vénération des arbres, mentionnons qu'un relevé d'arbres vénérés effectué en 1854, dans le département de l'Oise (France), indique que plus de 250 arbres servaient d'objet de consécration à cette époque-là. Les forêts sacrées de la préhistoire européenne sont probablement les précurseurs des forêts- cathédrales de la chrétienté. En s'élevant à la verticale vers le ciel et en s'arrondissant de chaque côté de nous telle une voûte, la cathédrale gothique reproduit visiblement, dans son intérieur majestueux, les anciens lieux de culte où les grands arbres se rejoignaient dans leurs cimes. S'agit-il d'une simple coïncidence ou d'un dérivé chrétien d'une correspondance très ancienne entre les forêts et le domaine des dieux?
Ce sont donc probablement les forêts qui ont été les premiers temples de la Divinité, et les hommes s'en sont peut-être inspirés pour créer l'architecture. Les Égyptiens se sont d'ailleurs inspirés du Sycomore, du Figuier, du Bananier et d'autres arbres de l'Afrique pour créer les énormes piliers retrouvés dans leurs temples, tandis que les Grecs ont produit la gracieuse colonne corinthienne, ornée d'un chapiteau garni de feuilles, en s'inspirant du Palmier
La symbolique planétaire des grands arbres
Les grands arbres ont un rôle incontournable à jouer sur notre planète car ils sont les gardiens de la Terre et ce, de nombreuses façons. L'Homme fait partie intégrante de ce qu'ils gardent. En un sens, on peut symboliquement les considérer comme une école de philosophes charitables ayant une pureté non humaine et un immense désir de servir l'humanité.
Les grands arbres sont vitaux pour toute forme de vie sur cette planète, car ils règlent partiellement les chutes de pluie et attirent des radiations internes aussi importantes et nécessaires pour la Terre, que ne l'est l'eau de pluie.
Les arbres sont parfois les hôtes des espaces magnifiques et des grandes collines gorgées de soleil et de vent. Ils ont leur propre archétype et leur destinée, lesquels ont été élaborés au cours des âges, c'est-à-dire depuis près de trois cent millions d'années d'évolution. Les grands arbres ont aussi leur part du plan divin à accomplir et un travail à faire. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils ont été créés. Leur archétype se trouve toujours devant eux, inaccessible et hors de portée tel une chimère qu'ils poursuivent dans leur croissance et leur épanouissement.
L'Homme contrôle aujourd'hui l'ensemble des forêts du monde, mais il commence à peine à reconnaître et à découvrir combien elles sont importantes et nécessaires. En recouvrant des milliers d'hectares d'une seule variété d'arbres à croissance rapide et sélectionnée pour de simples raisons économiques, l'Homme montre cependant qu'il est inconscient des véritables besoins de notre planète et qu'il ignore plusieurs rôles exercés par les arbres, dont celui d'être un merveilleux canal énergétique entre le ciel et la terre.
Il est probable que si l'Homme était comme les grands arbres, c'est-à-dire en harmonie complète avec l'infini, les forces s'équilibreraient. La Terre a désormais besoin de ce qui lui est refusé par l'Homme, c'est-à-dire des forces qui descendent et qui remontent par les grands arbres et qui exercent une influence stabilisante sur la vie des plantes, des animaux et de l'être humain.
En abattant les grands arbres, la planète entière risque de devenir incapable de fonctionner, de se dessécher et de mourir. L'Homme se dépouille effectivement d'une certaine partie de lui- même et de son héritage quand il dénude le sol des grands arbres. Ces derniers ne sont donc pas en accord avec cette partie de l'humanité qui pille la Terre, et jamais ni nulle part le fossé entre l'Homme et les grands arbres n'a été plus accusé que dans les endroits où les vieux arbres ont été abattus avec insouciance. Les grands arbres agissent comme une peau protectrice de la Terre, et dans cette peau ils amènent les changements nécessaires. Leur gloire s'élève comme le parfum d'une fleur et bénit tous ceux qui viennent se reposer dans leur aura et dans leurs forêts.
Les grands arbres, gardiens enracinés de la surface, transmetteurs vers la Terre, par le sol, des forces les plus élevées, ont un don à faire à l'Homme en cette ère de vitesse, d'urgence et d'intense activité: un don de calme, de force, d'endurance, de gloire et d'harmonisation raffinée. En somme, tout ce qui est grandement nécessaire dans notre monde actuel. Les grands arbres sont des expressions de l'Amour pour la vie; expressions d'abondance, d'unicité et de relations communautaires, voire planétaires.
Source: © Société de l'arbre du Québec, 2002
(Universe Tree Of Life - Extrait du film Tree of Life de Terrence Malick)
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