Croyais- tu en Dieu ? Je ne le sais même pas. Tu n'en discutais pas. Peut-être que la réponse est là. 

Tu croyais au bonheur, à la liberté. Tu croyais en nous, ta famille.

Je sais maintenant tout le courage qu'il t'a fallu pour nous laisser faire nos choix, nos erreurs, sans jamais sourciller. Toujours présent, toujours là pour nous rattraper.

Rien ne semblait ébranler ta confiance, ta patience et cette abnégation "joyeuse", qui n'appartenait qu'à toi. Pas même une guerre. D'ailleurs, tu en as vu passer plusieurs, des guerres, dans ton Vietnam natal.

Je ne me souciais plus trop de savoir si j'étais heureuse dans ma vie, jusqu'à ce que je te perde.

Que je me rappelle les vacances à la Pagnol que tu nous a offert. La totale insouciance dans laquelle notre enfance était bercée,  les chansons d'Abba, les beaux morceaux de musique classique que tu nous jouais à la guitare.

Ton père voulait que tu deviennes ingénieur, tu as fait des études de mathématiques, de droit. Tu es devenu professeur d'anglais, employé de bureau, restaurateur, commercial, commerçant... 

J'étais surprise de tout ce parcours et je t'ai demandé un jour : "Tu as fait tout ça. Mais Papa, c'était quoi, ton vrai rêve ?"

Jai eu un coup au coeur quand tu as dit "Je voulais devenir guitariste"

Tu étais un artiste ! Tu as laissé ton rêve pour faire ta vie "d'homme", de père, remplir ton "statut social".

Avant de partir, tu m'as rappelé à mes rêves d'enfant. Tu semblais les connaitre plus que moi-même. 

Promis, papa, je les réaliserai.

J'ai cette musique d'Enya aussi qui me le rappelle aujourd'hui. Elle est un peu mélancolique, tu ne m'en voudras pas. Elle va bien en ces fêtes de fin d'année. 

C'est peut-être le meilleur moment pour croire en ses rêves. De croire en quelque chose de beau.

Tu es parti un 15 décembre. Presque l'hiver. Mais dans nos cœurs, c'est un éternel été que tu as laissé. 

Merci Papa. A bientôt.